« La solitude vivifie ; l’isolement tue », disait Joseph Roux. L’isolement social est le fléau de notre siècle, et il ne concerne pas que les personnes âgées. Nos jeunes, pourtant tellement sollicités par les réseaux sociaux et les nouveaux modes de communication, en ont peut-être bien fait ce qui les sépare le plus efficacement du monde.
Le sentiment douloureux de solitude représente un danger réel pour la santé des individus de tous âges et toutes origines sociales. Il ne faut donc pas hésiter, que l’on soit témoins ou victimes de l’isolement social, à tirer la sonnette d’alarme.
Modestement, nous allons donner ici quelques exemples d’habitudes à prendre pour lutter contre la solitude.
Solitude vs isolement social
Il y a deux façons fondamentalement opposées de ressentir le fait d’être seul : Être tout seul à un instant T, et être socialement isolé.
Beaucoup de personnes, pour ne pas dire tout le monde, apprécient d’être seules une fois de temps en temps. Cette forme de solitude est même utile à l’équilibre mental de tout un chacun.
C’est une ressource qui permet de retrouver le calme et de se recentrer sur soi-même, de se reposer dans un monde où tout va vite. C’est une nécessité pour se concentrer sur certaines tâches créatives ou intellectuelles, ou l’apprentissage d’une notion nouvelle, par exemple. Mais c’est un état concret et limité dans le temps.
On parle d’isolement social quand une personne est privée d’une manière ou d’une autre d’interactions avec autrui. Or, cela peut devenir durable et douloureux psychologiquement. Parce que c’est la plupart du temps, une situation subie et non choisie.
Les dangers de l’isolement social
À son origine, la solitude n’est pas un indice de faiblesse psychologique. Ce serait plutôt un signal d’alarme. En tant qu’espèce grégaire, l’humain dispose d’une palette d’instincts naturels qui le poussent à satisfaire des besoins sociaux et de reproduction.
En l’absence d’écoute et de soutien extérieur, la personne solitaire peut ressentir plus fortement ses émotions et pensées négatives, elle peut avoir plus de difficultés à gérer ses anxiétés et son humeur.
Une sorte de « déconditionnement » peut finir par s’installer et faire diminuer la motivation. La personne en rupture sociale va alors s’isoler encore plus en se négligeant et en négligeant son rapport à l’extérieur.
Ainsi, un manque systématique de relation à autrui peut aller jusqu’à être lié à des troubles physiques (cardiaques, et autres) et psychiques (anxiété, dépression, burn-out, suicide) suffisamment graves pour augmenter le risque de mortalité.
Les causes de la solitude
Le voilà bel et bien révolu, le temps où on vivait à plusieurs générations dans le même foyer ! Ce ne devait pas être facile tous les jours.
Mais les personnes âgées aujourd’hui, voient leurs familles chercher du travail plus loin et avoir moins de facilité à venir leur rendre visite régulièrement. Tandis qu’elles sont en position de dépendance avec une mobilité qui se réduit dans le temps.
Les jeunes en rupture familiale et qui ont parfois besoin de plus de temps pour trouver un premier emploi ou finir leurs études se trouvent plus facilement en situation de précarité sociale et relationnelle.
Et puis, l’augmentation du nombre de séparations des couples provoque l’apparition d’un nombre croissant de personnes élevant seules leurs enfants, enfermées dans des difficultés financières et/ou logistiques importantes.
Il existe encore autant de situations qui mènent à l’isolement social qu’il y a de personnes et de caractères différents. Parce que ce qu’il faut souligner ici, c’est que certaines personnes fragiles ou tout simplement mal comprises peuvent devenir vulnérables, bien que très entourées.
Lutter contre la solitude à tous les niveaux
Être vigilant pour les autres
En octobre 2021 le ministère des Solidarités et de la Santé publie un document intitulé « Isolement social des aînés : des repères pour agir ». Ce document d’information ne se limite sans doute pas dans son application aux seules personnes âgées, en regard de ce que l’on dit plus haut.
Le gouvernement y interpelle les Français et rappelle les signes qui doivent éveiller leur vigilance en matière de solitude. Il est en effet important de porter attention aux personnes qui pourraient présenter des difficultés d’isolement social et de leur proposer de l’aide, dans la mesure du possible.
Il s’agit essentiellement de recréer un lien en s’intéressant à la personne et à ce qu’elle a à exprimer, ou en lui proposant des services ou des activités. Mais parfois, les situations sont trop compliquées pour que nous puissions y faire face sans être intrusifs. Il faut alors se contenter d’alerter des personnes compétentes.
Être vigilant pour soi-même
Si on se rend compte que l’on peut être vulnérable, et afin de rétablir une vie relationnelle épanouissante pour soi-même, quelques mesures sont à prendre.
D’abord, bien se connaître et analyser ses besoins en matière de relations sociales : chacun est différent dans son comportement social. Là où certaines personnes seront très demandeuses de relations fréquentes, d’autres seront plutôt solitaires.
D’autre part, le type de relations sociales recherchées ne sera pas non plus le même d’une personne à l’autre. Une personne âgée aura plus besoin d’attention et d’écoute, alors qu’un jeune aura peut-être plutôt besoin de pratiquer des activités en commun avec ses pairs.
Ensuite, la gestion des émotions négatives passe par la maîtrise de l’estime de soi. Pour préserver des relations saines avec le monde, il faut avoir confiance en soi et en les autres, croire en la bienveillance de chacun. Un comportement trop négatif et critique aggrave l’isolement et l’isolement rend la vie plus négative, c’est un cercle vicieux dans lequel il faut éviter d’entrer.
Mais la façon la plus évidente de lutter contre le sentiment de solitude … Eh bien, c’est d’aller vers les autres ! Et c’est parfois plus difficile qu’il n’y paraît quand on est déjà engagé dans un circuit d’isolement. Il faut faire du bénévolat, s’investir dans les activités d’une association, ou rendre service à ses voisins.
Quand le problème de solitude est trop bien installé en vous et qu’il induit des difficultés d’ordre psychologique, il est alors important de savoir appeler à l’aide. Il n’y a aucune honte à le faire et des prises en charge adaptées existent.