« Aie confiance » disait Kaa à Mowgli. C’est vrai ça, pourquoi on n’aurait pas confiance ? La personne en face de vous a l’air tout à fait raisonnable, honnête, c’est peut-être même une personne qui vous est proche, que vous connaissez bien et avec qui vous aimez passer du temps. Et pourtant vous n’arrivez pas à vous détendre. Alors vous vous demandez pourquoi, question à laquelle vous finissez par conclure que vous avez un problème. Du coup, vous arrivez encore moins à lâcher prise et le serpent (encore lui !) finit par se mordre la queue.
C’est quoi le lâcher-prise ?!
À chaque époque, son courant de pensée. À l’ère du burn-out, le lâcher-prise, son contraire, est devenu très connu, sans que presque personne ne sache vraiment le décrire et surtout le ressentir précisément. Ce qui fait qu’on se sent découragé.e, et pourquoi même un peu nul.le. Ba oui, on entend facilement : « il faudrait lâcher prise », « laisse-toi aller, je ne vais pas te manger » ou encore le fameux « faut te détendre ». Mais alors pourquoi c’est si difficile à appliquer ?! Ne nous arrachons pas les cheveux et prenons un peu de temps pour réfléchir à tout ça.
Si l’on commence par le début – la définition du dictionnaire (simple e très premier degré), on obtient cette définition : Laisser aller ce qu’on tenait avec force. Vous allez me dire : Ok mais que tient-on avec force ? Pour y répondre, posons-nous plutôt cette question : quelles sont mes croyances limitantes ? Celles que je n’ai pas construites, celles qui font partie de mon héritage, de la société, celles qui sont véhiculées par les magazines et autres médias… Toutes ces injonctions contradictoires avec lesquelles nous évoluons et que nous ne remettons pas forcément en question. Celles qui nous bloquent parce qu’elles ont un peu trop cadré notre territoire. Et surtout celles qui ne nous correspondent pas vraiment. Un peu comme un vêtement trop petit qu’on se retrouve quand même obligé de porter et souvent.
What it is une injonction contradictoire ?!
Je vous donne quelques exemples : sois belle.beau, mais ne passe pas ton temps à te regarder, fais attention à ce que tu manges, mais prépares des bons petits plats à ta famille, sois unique, mais rentre dans les cases. Ça vous parle ? C’est ça une injonction contradictoire : deux messages sur la même thématique, mais opposés. Et l’inconscient ne sait pas traiter ça donc il bugge. Donc il obéit aux deux en n’y comprenant rien. Le pire, c’est que toutes les strates de votre vie sont concernées, notre intimité aussi. Sois sexy, mais ne sois pas un objet sexuel. Respecte-toi, mais aie du désir 2 fois ½ par semaine (la moyenne nationale tous âges confondus) …
Et si on mettait sur pause ?!
La sexualité, au-delà de l’acte sexuel à proprement parler, c’est de la tendresse, de la connexion à l’autre, de la douceur et du bien-être. Ces moments, rien ne nous y oblige. Ni la société ni votre conjoint.e. Ecouter ses envies, son corps, ses ressentis : voici les fondamentaux de la sexualité. À partir du moment où il manque un des ingrédients à la recette, on peut s’auto questionner pour tenter soit de retrouver cet ingrédient soit de modifier sa recette. Quand on mange, chacun ajoute du sel, du poivre, du persil, de l’ail ou n’importe quoi d’autre qui nous fait encore plus apprécier le plat. Parce qu’on a pris le temps de développer ses goûts culinaires. La sexualité, ça devrait être pareil. Pour cela, il est bon de se connaître, de prendre le temps de s’explorer. Et surtout de passer au-delà des croyances limitantes et autres injonctions qui ne nous correspondent pas.
Et si vraiment ça bug encore, ça bloque, votre corps résiste, se fige, souffre et que ça ne vous convient pas, n’hésitez pas vous faire accompagner par un.e professionnel.le, l’espace de quelques séances, pour lever ces barrières. Si votre corps a été capable de les mettre là, il sera capable de les enlever.
En bref, ne pas réussir à se laisser aller ne signifie pas que vous êtes un boulet. C’est plutôt à comprendre comme un message. Quand on conduit et qu’on freine soudainement, c’est parce qu’on a pressenti un danger auquel notre instinct de survie a dégainé sa réponse la plus rapide et la plus adaptée pour nous. Dans la vie, c’est pareil. Plutôt que de se questionner uniquement sur la réponse au danger, pourquoi ne pas se demander quel est le danger qui nous fait peur. Et ensuite, on décortique pour comprendre. On prend de la distance et pourquoi pas… on s’en libère !