Le portrait
Comment avez-vous pris conscience de l’importance de la composition de nos repas sur notre santé ?
J’ai vécu un temps aux Etats-Unis et j’ai été frappé par l’ampleur des maladies chroniques liées à de mauvaises habitudes de vie, comme l’obésité. Mais c’est ce pays qui a « inventé » la science de la nutrition dans les années 1920, et on a pu mesurer très tôt, dès la deuxième guerre, l’impact de l’alimentation sur l’état de santé. Quand je suis entré en France au milieu des années 1990, il m’a semblé important de partager ces connaissances, d’abord dans Sciences et Avenir, Le Nouvel Observateur et les livres que j’ai publiés, puis sur le site Lanutrition.fr et dans la maison d’édition que j’ai fondée. En 1994, j’ai publié un gros dossier scientifique sur « les aliments qui soignent » dans Sciences et Avenir, mais l’idée que l’alimentation puisse jouer un rôle sur la santé était alors très mal reçue au sein du corps médical, en dépit de dizaines de milliers d’études publiées. Les choses ont changé.
Pensez-vous que nous ayons pris un meilleur virage dans nos habitudes de consommation et d’achat que dans les années 1980 ?
Je le pense. Il y a une prise de conscience de l’intérêt de manger des aliments peu transformés, si possible bio, pour sa santé et celle de la planète. Nous publions les guides de consommation « Le bon choix au supermarché » et avons vu la composition des aliments industriels s’améliorer ces dix dernières années.
Quel sera le contenu dans nos assiettes en 2050 ?
Je n’en sais rien, mais nous aurons pris notre part du combat contre la malbouffe.
Quelles sont vos règles pour bien manger au quotidien ?
Elles sont très simples : ne manger que quand on a faim (hors événements festifs), surtout des aliments bruts, si possible bio, manger beaucoup de végétaux, limiter les aliments industriels, sucrés, et respecter un « jeûne » de 12 heures minimum entre le repas du soir et le petit déjeuner.
On parle beaucoup de la maladie d’Azheimer, quelles sont les pistes selon vous qui sont les plus avancées aujourd’hui ?
Nous avons publié le livre du Dr Bredesen « La fin d’Alzheimer ». Il est l’auteur dans des journaux scientifiques, de 3 articles portant sur 119 patients qui ont été améliorés par son approche. C’est une piste convaincante, qui demande à être étayée par d’autres études bien sûr, mais suggère que le déclin cognitif peut être dans de nombreux cas stabilisé ou inversé en changeant de mode de vie : alimentation, exercice, gestion du stress, correction des déficits, etc… Nous avons la preuve que cela marche dans les maladies cardiovasculaires et le diabète, pourquoi pas pour certains patients atteints de maladies neurodégénératives ?
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le régime cétogène ?
Il s’agit d’un régime thérapeutique très pauvre en glucides et riche en graisses, qui est utilisé pour traiter l’épilepsie. Il semble donner de bons résultats dans l’obésité et le diabète, et est expérimenté sur certains cancers, de pair avec les traitements classiques. Des athlètes y font aussi appel soit de manière intermittente soit prolongée.
On partage tout, secrets et sourires…
Qui vous a inspiré cette passion pour la nutrition ?
Les livres du double Prix Nobel Linus Pauling, que j’ai eu la chance et l’honneur de rencontrer chez lui à Gorda, en Californie, quelques mois avant sa disparition, pour ce qui fut sa dernière interview. Pauling a été une inspiration non seulement pour ce qui est de la nutrition, mais aussi au plan humain.
Quel est votre livre de chevet ?
En ce moment, je lis Anna Karénine de Tolstoï. J’adore la littérature russe, mais si je devais m’exiler, j’emporterais les livres sur la Grèce antique de Jacqueline de Romilly et les oeuvres complètes de Zola dont la (re)lecture de chaque page est, depuis que je suis adolescent, un total ravissement.
Quel est votre petit plat incontournable ?
J’ai la chance d’avoir des origines méditerranéennes, languedociennes par ma mère et libanaises par mon père. Les plats du Liban sont délicieux et équilibrés, j’ai un faible pour le taboulé, le vrai, au persil, boulghour, tomates, oignons, menthe, huile d’olive et jus de citron, pas les ersatz à la semoule des grandes surfaces.
Quel est votre rituel préféré en vacances ?
Sortir la boîte d’aquarelle et le bloc de papier torchon qui ne me quitte jamais.
Avez-vous un un petit secret de bien être ?
Je suis du genre touche-à-tout, limite hyperactif. J’ai créé deux maisons d’édition (First et Thierry Souccar), un site Internet (Lanutrition), écrit une vingtaine de livres, je suis toujours en activité, mais je pilote aussi des avions depuis 1990, je peins depuis une vingtaine d’années, j’essaie d’être disponible pour ma famille. Je pense que c’est ma manière – un peu étrange – de me sentir vivant.
Êtes-vous en train de rédiger un nouvel ouvrage ?
Non, pas d’ouvrage en cours, sauf un roman commencé en 1992 et jamais achevé…
Retrouvez tous les livres de nutrition, santé, cuisine et environnement de la maison d’éditions Thierry Souccar sur thierrysouccar.com.
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