Hollywood nous le montre régulièrement et depuis longtemps : pendant une scène d’intimité, après quelques moments courts, mais intenses de partage, la femme et l’homme arrivent ensemble à l’orgasme, puissant et incroyable. Dingue qu’un accord soit aussi parfait, même pour un couple qui se découvre pour la première fois ! Ah la magie du cinéma !
Du coup, dans la vraie vie, on finit par se dire que puisque de telles représentations existent (dans le cinéma et ailleurs), c’est qu’elles doivent être vraies. Le doute s’installe. Ça ne vient pas de rien quand même cette idée ! À force, l’idée qu’une relation sexuelle est forcément une relation orgasmique s’installe et s’inscrit dans l’inconscient collectif.
Du coup, implicitement, ça signifierait que si on ne jouit pas, c’est qu’il y a un problème… Mais les deux vont-ils forcément ensemble ?
L’origine du désir masculin
Il y a fort fort longtemps, les hommes des cavernes se retrouvaient régulièrement confrontés au détour d’un buisson préhistorique à de grosses bestioles pas très sympas. Comme les tigres à dents de sabre par exemple.
Au vu du faible ratio de survie qu’il existait entre vaincre la bête ou lui servir de déjeuner, l’homme a inscrit dans ses gènes la nécessité de savoir se reproduire rapidement, la survie de l’espèce ne tenant qu’à lui. On ne sait jamais, au cas où le tigre ou l’un de ses amis profiterait d’un moment d’intimité sensuelle pour rendre visite au couple.
Et pour motiver la tâche, à cette capacité s’est associée le sentiment de jouissance extrême, le susnommé orgasme, pour lui donner envie d’y revenir. Un peu comme aujourd’hui l’est l’évidence au petit déjeuner de la couche de beurre et/ou de confiture sur la tartine, qui serait bien fade sinon.
Et la femme dans tout ça ?
Pour les femmes, l’automatisme de cette association sexualité/orgasme est moins une évidence, parce que moins nécessaire.
Si l’on prend en compte la culture religieuse bien ancrée dans notre histoire, le rôle procréatif n’a jamais mis en avant qu’un sentiment de jouissance était possible et admis. Ainsi, on peut quasiment dire que le plaisir de la femme a vu le jour sous les pavés de mai 68.
La pilule et le droit à l’avortement notamment ont contribué à faire naître ce sentiment de liberté et ce droit de profiter et de jouir de son corps avant de penser au plaisir de l’autre. Donc si on se pose deux secondes et qu’on calcule, l’homme et la femme ont quelques milliers d’années d’écart à ce sujet…
Et ayant longtemps vécu sans ce ressenti, les femmes ont pu, une fois qu’elles y ont eu le droit, y ajouter la fameuse touche féminine.
Ainsi, elles se sont appropriées le plaisir, la jouissance, l’orgasme en les abordant de façon beaucoup plus sensorielle, répondant plutôt à une alchimie entre le corps et l’esprit.
Rentabilité jusque dans les draps
50 ans plus tard (donc maintenant du coup 😊), la performance et la compétition hommes-femmes sont tellement invasives qu’elles ont envahi même notre intimité.
Jouir à tout prix, avoir un orgasme systématiquement, savoir lâcher prise mieux que personne… Tout cela a quasiment transformé l’acte sexuel et notamment l’orgasme en obligation de résultat, en but à atteindre et non plus comme la fameuse cerise sur le gâteau.
La faute au porno trop facilement accessible et consommé n’importe quand n’importe comment ? La compétition dans la revendication boulimique d’exister face à l’autre voire de le.la dominer ? L’obligation insidieuse d’être au top dans tous les domaines ?
Peu importe finalement, peut-être un petit mélange de ça et d’autres choses. Quoiqu’il en soit, l’orgasme a ainsi perdu de sa fraîcheur et de sa spontanéité, créant par la même occasion du stress souvent et/ou l’envie de simuler parfois, là où on ne devrait être que soi-même. Et je ne m’étalerai même pas au sujet de cette quête digne du Saint Graal, celle de l’orgasme simultané.
Comme les antibiotiques, l’orgasme c’est pas automatique ! 😊
Stop à tout ça, redonnons à l’orgasme ce qui lui revient et uniquement ce qui lui revient ! Car oui, à l’origine, l’orgasme n’est en rien obligatoire.
C’est une sensation, un ressenti et non un gage de qualité pour rassurer les performances artistiques du ou de la partenaire. Le fameux tampon « validé », comme sur un diplôme.
À quel moment a-t-on forcé quelqu’un à avoir une certaine réaction face à quelque chose, à trouver ça fantastique autant que nous, nous trouvons ça fantastique ? L’orgasme n’est pas indispensable à chaque moment partagé avec l’autre. Ce n’est pas l’orgasme qui rend le moment magique.
N’est-il pas plus important et primordial de parler en premier lieu de plaisir et de plénitude physique et émotionnelle, de connexion l’un à l’autre ? S’abandonner à l’autre si c’est pour ressembler à un stéréotype qui ne nous parle pas, quel est l’intérêt ?
Si on résume, les sensations orgasmiques ne peuvent exister que si l’on est réceptif.ve, en connexion avec l’autre, ouvert.e à partager avec l’autre, à lâcher prise et prêt.e à s’abandonner à ce moment fort. Mais ne résumons pas l’acte sexuel à l’une des sensations qu’il procure.
Si l’on n’arrive pas jusque-là, l’important est d’avoir tout de même vécu pleinement ce moment, juste pour profiter, échanger, se sentir bien.
On retrouvera sa charge mentale après, mais là, il n’y en a pas besoin. Un feu d’artifice sans bouquet final, ça reste un feu d’artifice, non ?
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Carole Itan
Sexothérapeute, Carole a toujours voulu l'être. Une grande passionnée du métier, elle reçoit de multiples consultations d’hommes pour des problèmes d’érection ou de précocité, de femmes pour des problèmes de vaginisme ou dyspareunie. Elle s'attelle aussi à faire de la prévention et/ou de cassage de légendes urbaines qui ont la vie dure ! Vous pouvez retrouver Carole directement à son cabinet ou par visio pour des consultations.
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